samedi 28 juillet 2012

Vous avez dit : autofiction?

Matière à écrireDans quelques jours, je vous annoncerai la naissance de ma première autofiction : "Terre d'enfance"...




Mais en attendant, je vous propose quelques réflexions sur ce genre, un peu "trouble", de l'entre-deux, qu'est l'autofiction.











Notion subtile à définir, liée au refus qu'un auteur manifeste à l'égard de l'autobiographie, du roman à clés, des contraintes ou des leurres de la transparence, elle s’enrichit de ses extensions multiples tout en résistant solidement aux attaques incessantes dont elle fait l’objet. Elle vient en effet poser des questions troublantes à la littérature, faisant vaciller les notions mêmes de réalité, de vérité, de sincérité, de fiction, creusant de galeries inattendues le champ de la mémoire.
dessin de Sempé
Le terme est composé du préfixe auto (du grec αυτος : « soi-même ») et de fiction. L’autofiction est un genre littéraire qui se définit par un « pacte oxymoronique » ou contradictoire associant deux types de narrations opposés : c’est un récit fondé, comme l’autobiographie, sur le principe des trois identités (l’auteur est aussi le narrateur et le personnage principal), qui se réclame cependant de la fiction dans ses modalités narratives et dans les allégations péritextuelles (titre, quatrième de couverture…). On l’appelle aussi « roman personnel » dans les programmes officiels. Il s’agit en clair d’un croisement entre un récit réel de la vie de l’auteur et d’un récit fictif explorant une expérience vécue par celui-ci.
L’autofiction est le récit d’évènements de la vie de l’auteur sous une forme plus ou moins romancée (l’emploi, dans certains cas, d’une narration à la troisième personne du singulier). Les noms des personnages ou des lieux peuvent être modifiés, la factualité mise au second plan au profit de l’économie du souvenir ou des choix narratifs de l’auteur. Affranchie des "censures intérieures", l’autofiction laisse une place prépondérante à l’expression de l’inconscient dans le récit de soi.
Agrippine de Brétecher

L’autofiction est un genre de l’entre-deux : entre le fictionnel et le factuel, entre l’autobiographique et le romanesque, entre le vécu et le fantasmé, elle amène le lecteur à interroger, à soupçonner ce qui lui est donné à lire. Elle amène le lecteur à adopter une posture aussi complexe et indécise que l’est celle de l’auteur dans la mesure où ces deux instances signent un « pacte du leurre », pacte tout aussi étrange et trouble que peut être clair le « pacte de sincérité » propre à l’autobiographie.

LES COULISSES DE L’AUTOFICTION ARNAUD GENON

L

  

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